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village

Le vicomte Delamalle fit ériger au centre du village le 12 février 1859, une imposante croix de pierre en souvenir de son attachement pour la population.


La Chapelle, à la fois simple et accueillante, fut reconstruite vers 1850 avec l'aide d'une somme de 60.000 francs or accordée par Louis Napoléon Bonaparte, à la requête du maire de la commune, Edme Vigneron 1780-1854) ancien officier de l'armée impériale chevalier de la légion d'honneur, qui repose dans son enceinte.

 

Elle fut donc rebâtie à cette époque telle qu'elle est aujourd'hui, à l'exception du clocher, refait vers 1884. L'ancien clocher, un support massif en pierre de taille et en forme d'ogive, menaçant de s'écrouler, fut remplacé par le clocher actuel. La même cloche y fut remontée; elle fut baptisée en 1816 et nommée Marie (Fondeurs Cochoix Liébaux). On peut remarquer la croix de pierre qui surmontait cet ancien clocher encastrée dans le mur qui borde la route, en face du monument aux morts de la guerre 1914-1918, et dans l'enceinte de la chapelle, le vestige de l'ogive de pierre, la stèle Edme Vigneron et une croix de fer forgé montée sur socle de pierre érigée en 1788. Aigremont a retenu quelques exploitants agricoles descendants d'anciennes familles du village et attire chaque année, autant par son site que par son calme salutaire de nouveaux citadins qui achètent et restaurent ses vieilles maisons.

 

D'après des documents d'époque, 

 

Edmond COURSAULT (1900-1985)

 

 

Vieux village de l'Yonne, Aigremont est situé dans le canton de Chablis. Vers la fin du XIXème siècle, ce village avait une population d'environ 200 habitants lesquels, plus ou moins, s'exprimaient dans un dialecte local, ou une déformation de prononciation des mots accentuait leur personnalité paysanne. Bâti à flanc de coteau à une altitude de 240 mètres, il formait autrefois un ensemble caractéristique de couleurs grises, tous les toits étant couverts en pierres plates appelées couramment "laves".

 

Des bois le bordent du côté sud-ouest et en font un lieu idéal de cure d'air. Ces bois, appelés bois de berge, bois brûlé et bois lamas ont comme essences principales le chêne, le hêtre, le charme, le frêne, le bouleau et le sapin. Ils sont sillonnés de chemins et de sentiers bordés de noisetiers, de cornouillers, de prunelliers, d'églantiers, d'aubépines.

 

 

Lorsque l'été bat son plein et que le chant ininterrompu des oiseaux se fait entendre, toute une végétation étale son exubérance et parmi ces arbustes et les plantes basses, les fleurs délicates se métamorphosent en petits fruits aux couleurs vives allant du vermillon au bleu violet et même au noir.

 

Aux abords du village, un vert monticule appelé "la Chaume" étale son tapis d'herbe courte parsemé de discrètes petites fleurs sauvages variées et de genévriers. Ses versants à petits sentiers escarpés mènent au chemin du Puits des Auges bien connu des troupeaux qui venaient jadis y paitre. Ce chemin aboutit au lieu-dit "les Clousots" et "le Pâtis" dans la vallée de la Haie de l'Ile, remarquable par la fraîcheur constante de sa température, par ses nappes éparses de brumes matinales et où coule périodiquement au gré des intempéries, le clair et nonchalant ru de Vaucharme.

 

Aigremont est renommé pour la chasse et en particulier les battues aux sangliers. A certaines époques de l'année, ces derniers quittent les halliers et on les aperçoit à travers champs en quête de nourriture. On y voit aussi des buses qui planent avec virtuosité et des renards méfiants qui guettent les basses-cours. Les tableaux de chasse ont été quelques fois édifiants. Adolphe Coursault et Auguste Barbier furent au début du XXème siècle deux des chasseurs locaux les plus réputés. Au village, ces chasseurs avaient l'habitude de clouer les pattes de sangliers sur les portes de leurs granges. Sur celle ayant appartenu à Auguste Barbier, ces pattes existent encore. Dans une clairière du bois de Berge, à une croisée de chemins, on découvre la maisonnette du rendez-vous des chasseurs, dans un cadre digne des contes de Perrault.

Au centre du village, un puits romain profond de 38 mètres est appelé le grand puits et puits Bayard. Il est depuis longtemps inutilisé. Une légende dit que le cheval du Chevalier Bayard aurait posé un de ses sabots sur la margelle. Les curieux et les sceptiques s'empresseront d'en rechercher la trace. D'autres puits sur le territoire méritent d'être cités, d'abord, le puits d'Enfer et son abri de maçonnerie sous lequel se retrouvaient autrefois les lavandières. Situé dans la vallée d'Enfer (il ne reste aujourd'hui que des ruines), ce puits fut toujours le sauveur des habitants d'Aigremont lorsque durant les périodes de sécheresse, l'eau manquait dans les citernes du village. Ensuite, le puits de Bouquet dans la vallée de ce nom et le puits des Auges au lieu dit les Clousots. Ces deux derniers ont servi pendant longtemps pour abreuver les troupeaux. Dans la vallée du puits de Brun, ce puits est limitrophe à trois communes: Nitry, Lichères et Aigremont.

Il existe toujours dans le village le pignon et les murs de l'ancienne grange aux dîmes.

Aux archives de l'état-civil, en 1821, on découvre la signature de Vidocq, l'ancien forçat qui devint chef de la sûreté sous Napoléon 1er et Louis Philippe. Il aurait contracté un mariage secret à Aigremont.

La partie du finage d'Aigremont, consacré à la culture, se situe au sud, aux lieux dits la vallée de Grille et la vallée de Bouquet, au sud-est aux lieux dits les Elimasses et les Aubues à l'ouest au lieu dit le Côtas des Prés, les chaumes et la vallée de la Haie de l'Ile; enfin au nord-est aux lieux dits les Vieilles Vignes, les Foutelas et les Airènes. C'est dans ce dernier que se trouve le point culminant du territoire soit 270 mètres.

 

Ce finage, autrefois composé d'un mélange fait de parcelles de vignes, de champs aux semis variés d'où s'élevaient de vieux noyers, des vergers, des taillis abritant les ruchers, a été remembré en 1954. Il a fait place à de grandes étendues de céréales et de pâturages qui lui ont laissé un aspect moins pittoresque, mais par contre ont facilité la tâche des agriculteurs.

Aigremont doit son origine à l'Abbaye de Pontigny. Le sol dont se compose son territoire fut-il aux origines défriché en partie par les religieux? Ou l'Abbaye y établit-elle une métairie qui fut livrée à l'exploitation de quelques cultivateurs? Jusqu'en 1521 rien n'indique à quel régime fut soumise cette terre. On sait seulement que dès l'année 1156 une bulle du Pape Adrien IV classe Aigremont parmi les biens dépendant de ladite Abbaye (fondée en 1114). Toutefois, un cartulaire aux archives de Pontigny témoignerait de l'influence colonisatrice des moines aux XIème et XIIème siècles, à la suite d'importants défrichements qu'ils auraient effectués sur le territoire d'Aigremont et dans les environs.

En 1813 le domaine d'Aigremont fut dévolu comme majorat à Mr le Chevalier Delamalle, conseiller d'Etat et plus tard Mr le Vicomte Delamalle, fils héritier du Majorat (le Chevalier son père étant mort en 1834) aliéna définitivement aux habitants d'Aigremont, le 1er juin 1842, leur sol communal, autorisé à leur concéder par un projet devenu loi le 12 juin 1841, moyennant le paiement du prix de 122.352 francs et 93 centimes fixé par un procès verbal d'expertise, 339 hectares 8 ares 94 centiares de prés, vignes et terres labourables, ainsi que les maisons et bâtiments qui faisaient partie du supplément de dotation accordé à feu Mr le Chevalier Delamalle dans le département de l'Yonne par un décret impérial du 1er janvier 1812.

 

Joseph Edme Coursault (1775-1858) maire d'Aigremont de 1814 à 1848 et appelé "l'ancien maire" fut un des plus ardents pionniers de cette libération définitive du joug féodal.

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